Comme chaque année, le Laboratoire des inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL) a mis à jour la base de données sur les inégalités mondiales //wid.world/.
Dites-moi dans quel pays vous vivez et je vous dirai combien vous gagnez ? C’était peut-être possible il y a 50 ans. Mais l’augmentation des inégalités au sein des pays change la donne. Au WIL, nous veillons à constamment améliorer l’accès aux données et les méthodes pour mesurer les inégalités. Dans cet article, nous avons sélectionné trois points d’entrée pour partager avec vous les leçons tirées de la mise à jour annuelle de la base de données (basée sur les statistiques de 2022).
1. Le prisme de “la part des 10% les plus riches dans le revenu national” : l’Europe, une exception dans un monde inégalitaire ?
Les inégalités varient considérablement entre la région du monde la plus égalitaire (l’Europe) et la plus inégalitaire (l’Amérique latine). En 2022, les 10 % les plus riches en Europe gagnaient 36 % du revenu national, contre 58 % en Amérique latine. Le Moyen-Orient et l’Afrique, où les 10 % les plus riches détiennent plus de plus de 56 % du revenu national, se situent juste derrière l’Amérique latine.
Cliquez sur chaque région pour explorer les dynamiques en matière d’inégalité :
- Amérique Latin
- Afrique du Nord et Moyen Orient
- Afrique Sub-saharienne
- Asie du Sud et du Sud-Est
- Asie de l’Est
- Amérique du Nord et Océanie
- Europe
Cette année, les 10 pays les plus inégalitaires (en fonction de la part des 10 % des plus riches dans le revenu national) sont tous situés en Amérique latine et en Afrique subsaharienne.
- Afrique du Sud (65%)
- République centrafricaine (65%)
- Mozambique (65%)
- Mexique (65%)
- Namibie (64%)
- Zambie (62%)
- Colombie (61%)
- Swaziland (60%)
- Botswana (59%)
- Costa Rica (58%)
2. Le prisme de “la part des 1% les plus riches dans le revenu national” : aucun continent n’est à l’abri des inégalités extrêmes ?
D’autres régions du monde entrent dans le cadre lorsque l’on examine les revenus des 1 % les plus riches dans chaque pays. Il y a 8 pays dans le monde où les 1 % les plus riches gagnent plus d’un quart du revenu national.
- Maldives (36 %)
- Mozambique (31 %)
- République centrafricaine (31 %)
- Mexique (27%)
- Cambodge (27%)
- Myanmar (27%)
- Angola (26%)
- Pérou (25%)
Il existe également des pays du Nord où les inégalités sont extrêmes. Aux États-Unis, 19 % du revenu national est détenu par les 1 % les plus riches, soit le même pourcentage qu’en Afrique du Sud.
3. Le prisme de “l’inégalité entre pays ou à l’intérieur des pays” : l’inégalité plus proche de nous
Au cours des quatre dernières décennies, les inégalités mondiales entre les pays ont diminué. Cette évolution est due à la forte croissance économique de la Chine et d’autres économies émergentes d’Asie. Depuis 1980, l’écart entre le revenu moyen des 10 % des pays les plus riches et le revenu moyen des 50 % des pays les plus pauvres est passé de 20 à 9.
Sur la même période, l’augmentation rapide des revenus au sommet de la distribution a augmenté les inégalités de revenus au sein des pays. L’écart entre les revenus moyens des 10 % les plus riches et des 50 % les plus pauvres a presque doublé, passant de 10 à 18. Cet aspect est important car les inégalités au sein des pays sont plus susceptibles d’être ressenties dans notre vie quotidienne. C’est ainsi que nous nous comparons à nos voisin.e.s, à nos élu.e.s, et à la société dans son ensemble.
Malgré la pandémie, le revenu mondial moyen a augmenté de 2,5 % en 2022, poursuivant la tendance à la hausse des dernières décennies. Cette moyenne masque d’importantes disparités entre pays. Exprimé en parité de pouvoir d’achat, le revenu national par habitant est de 44 023 euros par an aux États-Unis, de 29 510 euros par an en Europe, de 26 911 euros par an au Japon, de 14 901 euros par an en Chine, de 10 772 euros par an en Amérique latine et dans les Caraïbes, et de 2 751 euros par an en Afrique subsaharienne.
La pandémie semble avoir modifié les tendances divergentes décrites ci-dessus. En 2022, les inégalités entre pays se sont accrues pour la première fois depuis trois décennies.
Où porter notre regard maintenant ?
Rowaida Moshrif, responsable des données au WIL, qui a coordonné le processus de mise à jour, souligne l’importance de la collaboration scientifique dans un monde divisé :
“Nous continuons à travailler avec des chercheur.e.s et des institutions fiscales du monde entier pour améliorer les données sur les inégalités. Nous espérons que ces résultats serviront à mobiliser les décideur.se.s politiques, les chercheur.e.s et les citoyen.ne.s du monde entier sur la question.”
La semaine prochaine, le 27 novembre, nous publierons de nouvelles données qui permettront pour la première fois de comparer les niveaux d’inégalité avant et après impôt dans le monde entier depuis 1980.
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Alice Fauvel, Communications Manager, alice.fauvel@psemail.eu