24 octobre 2018
Ecrit par WID.world

Le Brésil divisé: retour sur la politisation croissante des inégalités

Dans cette troisième note thématique publiée par le Laboratoire sur les inégalités mondiales, Amory Gethin et Marc Morgan combine statistiques sur les inégalités et enquêtes d’opinion pour contextualiser l’émergence de Jair Bolsonaro et de la polarisation politique extrême visible à l’élection présidentielle brésilienne de 2018.

Cette polarisation peut-être associée à des clivages de classe liés aux succès du Parti des Travailleurs à améliorer les conditions de vie des plus modestes. Depuis 2002, les 50% de brésiliens les plus pauvres ont été de plus en plus enclins à voter pour le PT relativement aux 10% les plus riches. Cette évolution s’est déployée dans un contexte de forte croissance économique, bénéficiant principalement aux déciles inférieurs dont le revenu a augmenté deux fois plus vite que la moyenne nationale, au détriment de la classe moyenne supérieure. Les ménages situés au sommet de la distribution des revenus ont aussi bénéficié de taux de croissance considérables.

La montée des clivages de classe au Brésil, 1989-2018

Les intentions de vote des brésiliens les plus aisés ont été davantage motivées par des préoccupations de “luxe” telles que la corruption, la sécurité ou l’éducation, que par la santé et l’emploi qui sont davantage cités par les individus à bas revenus. Le vote pour Bolsonaro a rassemblé les déçus de la corruption du système politique et les groupes sociaux satisfaits du programme économique libéral du candidat. En Europe ou aux États-Unis, la montée des mouvements d’extrême droite “populiste” est souvent attribuée aux individus à faibles niveaux d’éducation et de revenus. Au Brésil, au contraire, Bolsonaro s’est attiré le soutien des élites économiques et intellectuelles.

Problématique déterminant le choix de vote en 2018 par groupe de revenus

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