16 juillet 2025
Ecrit par WID.world

Inégalités d’exposition aux risques environnementaux : des écarts marqués selon le statut de propriété

Alors que les coûts liés au changement climatique devraient augmenter de manière exponentielle, il est crucial d’identifier les segments de la population les plus exposés aux événements climatiques extrêmes. Cette compréhension est essentielle pour concevoir des politiques d’adaptation efficaces et équitables, telles que des interventions ciblées localement ou des subventions à l’assurance.

La plupart des recherches existantes sur l’exposition inégale aux catastrophes naturelles se concentrent sur les inégalités de revenu entre résidents et s’appuient sur des données agrégées, négligeant souvent un facteur clé : le statut de propriété. Dans le cas des inondations en France métropolitaine, se concentrer uniquement sur les résidents revient à ignorer la moitié du parc immobilier exposé aux inondations.

Dans cette étude, Thomas Bézy explore cette dimension manquante en analysant la répartition des risques de catastrophes naturelles — en particulier les inondations et le retrait-gonflement des argiles — selon les différents types de propriétaires en France : locataires, propriétaires-occupants, et propriétaires de logements loués, secondaires ou vacants.

  • PRINCIPAUX RÉSULTATS
    La vulnérabilité face aux catastrophes naturelles varie fortement. Les locataires possèdent souvent peu de biens au-delà de leur mobilier (réfrigérateur, télévision…), ce qui les rend particulièrement exposés. Les propriétaires d’un seul bien immobilier sont également très vulnérables, les dommages liés aux inondations représentant en moyenne 20 % de leur patrimoine immobilier total. Les ménages propriétaires de logements loués, secondaires ou vacants sont les moins vulnérables : les dommages dus aux inondations n’y représentent qu’environ 3 % de leur patrimoine immobilier.
  • Les disparités d’exposition aux inondations et au retrait-gonflement sont importantes : une fois les logements détenus par des non-résidents inclus, le risque d’inondation apparaît comme affectant de manière disproportionnée les propriétaires de résidences secondaires, tandis que le retrait-gonflement touche surtout les propriétaires d’un seul bien.
    Ces dynamiques de propriété ont des implications importantes pour les politiques publiques :
    • D’une part, les subventions à l’assurance inondation non ciblées bénéficient principalement aux propriétaires de résidences secondaires, tandis que la couverture contre le retrait-gonflement profite surtout aux propriétaires-occupants.
    • D’autre part, l’étude montre que les risques de catastrophes naturelles ne sont pas pris en compte dans le prix des biens détenus par les propriétaires de logements loués, secondaires ou vacants, ce qui représente au moins 15 % de la surévaluation totale dans les zones inondables.
    • Enfin, les politiques d’adaptation territorialisées, telles que les défenses contre les inondations, risquent de ne pas cibler les zones les plus critiques si la structure de propriété est ignorée.

L’étude est publiée en même temps qu’une note qui appelle à « réinventer la solidarité assurantielle face aux effets inégalitaires du réchauffement climatique ».

 

AUTEUR

  • Thomas Bézy, Paris School of Economics

 

CONTACT PRESSE

  • Alice Fauvel, Communications Manager, alice.fauvel[at]psemail.eu ; press[at]wid.world

 

 

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